Réflexions nomades
De la randonnée de quelques jours, au voyage à cheval de plusieurs mois, c'est de l'exceptionnel qui se glisse dans nos vies, pour se conjuguer au quotidien.
C'est plusieurs éléments qui s'articulent : Un état d'esprit associé à l'idée de liberté, un désir de se fondre dans la nature, une aptitude au rêve, à la contemplation, une certaine conception du désir, un regard sans cesse curieux et souvent émerveillé, posé sur les grands espaces, les éléments, les animaux, et l'attirance, la fascination qu'ils exercent sur le voyageur.C'est aussi et surtout, ces grands compagnons, des bons et des mauvais jours, partenaires confiants et généreux, impressionnants de force et pourtant si fragiles si l'on n'y prend garde.
Une attention constante, un respect de leurs potentialités physiques conditionnant leur rythme de progression, de leur psychologie aussi, qui s'explique à travers des comportements, comme peut s'exprimer parfois leur souffrance, même si elle ne fait pas de bruit...
C'est au prix de cette vigilance que l'on peut être enfin un peu fou, un peu rêveur, un brin poète et aventurier et se mettre en chemin.
Tout cela, c'est de la vie en mouvement, c'est du plaisir souvent, de la douleur partagée aussi. C'est des coups de gueule et de grands éclats de rire, c'est une caravane d'hommes et de chevaux mêlés qui s'en va … décrocher du bonheur là-bas sur les chemins et peut-être ... dans des rêves d'enfants, tapis dans la mémoire de nos cœurs.
Lorsque la vie nous offre pour un temps de ces escapades savoureuses par les chemins de vagabondages et de silence avec nos chevaux, qui d'entre nous ne sont pas aspirés régulièrement par le désir de retrouver ces émotions si fortes, ces grandes vibrations de vie ?
Le besoin est là, de se fondre dans la nature, en quête de sérénité et de poésie, d'harmonie avec la «terre mère». Expression pleine de vénération, si chère aux peuples cavaliers, écologistes millénaires, sans discours grandiloquents, simplement inscrits dans l'évidence du respect de la nature et de leur survie dans la marche du monde. Communion avec l'espace, la liberté d'aller, le vent dans les cheveux et les crinières, de cheminer dans le silence du secret des forêts, leurs odeurs de sous bois humides, grouillant de vie.
Combien de haltes, de bivouacs plantés dans des lieux paradisiaques découverts aux hasards du chemin, à l'approche du soir, avec la chance d'y trouver cette cascade dont le bruit nous aura attiré, l'eau qui court, cette clairière herbeuse. Tout ce qu'il faut pour offrir aux chevaux et à nous-mêmes, un refuge paisible pour reprendre force et repos.
Après avoir installé nos montures au mieux pour leur confort et leur alimentation, alors seulement nous pourrons nous tourner vers nous-mêmes pour une soirée bienfaisante, composée pourtant de multiples tâches. Soins aux chevaux certes, mais aussi au matériel, vérification, réparations éventuelles, vigilance, anticipation, regard sur les cartes, préparation d'itinéraires, manger, écrire, dormir. Le sommeil nous prendra après ce temps de silence et de rêverie que chacun savoure le nez dans les étoiles, à épier les bruits de la nuit. La tête pleine d'images nomades.
Le voyage à cheval : Au fil du temps, l'expérience lui a persuadé que celui-ci offre une acuité, une sensibilité, une intelligence, une perception, qui sont celles du cœur. Nous sommes des êtres d'évasion et de curiosité. Le lent déplacement avec des chevaux aiguise encore cette ouverture au monde, le rapport à la nature, le regard posé sur la beauté des lieux, sur les êtres de rencontre. Nous nous trouvons plongés dans l'authenticité, là ou il faut recevoir le plaisir et les émotions humblement, en remerciant les forces de vie.
Brel disait : «Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns.»
«Allez tranquilles parmi le vacarme et la hâte, et souvenez vous de la paix qui peut exister dans le silence.»
